Aujourd’hui commence une nouvelle saison, aujourd’hui c’est le début de l’hiver.

Aussi loin que je me souvienne, enfant, je n’aimais pas vraiment cette saison. Et je n’aimais pas vraiment l’automne non plus d’ailleurs… Je crois qu’à partir de la rentrée et du mois de septembre, c’était pour moi « la mauvaise période de l’année » qui commençait. Bien sûr j’aimais, comme presque tous les enfants, les fêtes de fin d’année, les lumières et décorations qui pointaient leur nez fin novembre, les préparatifs à la maison, les dessins et comptines à l’école. Mais je n’aimais pas ces jours qui raccourcissent, les feuilles qui tombent des arbres, la lumière qui se fait plus rare, la chaleur qui s’estompe pour laisser la place au froid.

Ces deux saisons signifiaient pour moi que nous allions vers la perte, vers « le moins », vers la décroissance, vers une fin. Et tout au fond, je crois que cela m’angoissait. La perte, le moins, la décroissance, la fin, ce n’est pas rassurant dans notre société où l’on nous pousse sans cesse à atteindre le « toujours plus ». Consciemment ou inconsciemment. Pression des parents ou pas.

Pour ma part (merci Maman, merci Papa), ce n’était pas le cas. Et pourtant… il fallait avoir les meilleures notes à l’école, le plus beau stylo plume, le plus de billes à la récré, être la meilleure au concours de piano ou au match de tennis, retenir le plus de choses possibles … Et puis ensuite, cela se transforme en taille la plus fine, poitrine la plus grosse, le plus grand nombre de chaussures, le plus gros salaire, la plus belle maison, …

Car oui, si j’arrive à tout cela, je serai plus aimable, n’est-ce pas ? Les Autres m’aimeront plus, je m’aimerai plus, donc je serai plus heureuse. Que d’illusions !! L’inconscient collectif et les fausses croyances font parfois de sacrés dégâts dans nos petites têtes.

Aujourd’hui, j’ai appris à aimer toutes les saisons. A voir ce qu’il y a de plus beau en chacune d’elle. Et j’ai développé un Amour tout particulier pour celle-ci. Peut-être parce que je suis une fille de l’hiver, née en plein mois de janvier, au creux de cette saison froide. Il paraît qu’on a tous un rapport un peu spécial avec notre mois et notre saison de naissance. Et qu’il y souvent des liens intéressants à faire avec ce que nous sommes, là, tout au fond. Pas les masques que nous avons mis pour recouvrir certaines blessures ; non, ce qui est derrière, bien caché tout au fond de notre cœur.

L’hiver, c’est l’intériorité. Le temps de ralentir, comme le fait la nature qui s’endort. Le temps d’admirer cette nature qui se prépare pour renaitre encore plus belle au printemps. De regarder ces ciels bleus clairs et cette lumière douce, se refléter sur les gouttes d’eau, les cristaux de givre ou le blanc immaculé d’une neige fraichement tombée. Le temps de prendre une boisson chaude et une couverture qui réchauffe. D’ouvrir un livre passionnant qui nous emporte dans d’autres univers. De regarder un film de Noël, ceux que l’on aime tant, nos petites madeleines de Proust. Le temps de mettre des choses sur pause pour apprendre à se retrouver. Le temps de passer du temps avec soi. D’écouter les vérités qui se trouvent en nous. D’honorer qui l’on est, vraiment.

En grande introvertie que je suis, tout cela ne peut que me parler… Il suffisait simplement de l’accepter, d’accepter cette part de moi que je ne trouvais pas très valorisante. D’accepter aussi la perte, la fin d’un cycle de vie.

Et se rendre compte que finalement, l’Hiver, ce n’est pas que perdre des choses. C’est aussi en gagner d’autres, toutes aussi jolies et importantes. Et c’est se préparer à la plus belle des renaissances.

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