Ce week-end, comme presque toujours, je suis allée courir en forêt avec mon mari. En général, nos sorties ensemble ne dépassent pas les 12 km. 12 km c’est ok, c’est une distance qui me va plutôt bien. Le vendredi, il m’avait parlé d’un parcours de « 10 km à peine »… N’ayant pas fait trop de sport la semaine précédente et les nuits dernières n’étant pas terribles, cela me semblait parfait.

Arrivés au point de départ, 2km de montée direct, ça commençait fort… d’autant plus que je ne me sentais pas tellement en forme. Les jambes hyper lourdes, une douleur au niveau du nerf sciatique (ou provenant du vélo fait la veille, je ne sais pas bien)… Autant vous dire que j’ai râlé plus d’une fois. Au début, gentiment et en rigolant. Puis, plus les kilomètres passaient, plus j’ai continué à me sentir mal. Des mauvaises sensations dans mon corps, la faim (chose qui ne m’arrive absolument jamais en courant), toujours cette douleur, mon genou gauche qui faisait des siennes, le parcours que je trouvais difficile… Et surtout, les kilomètres que je voyais défiler alors que nous continuions à nous éloigner de notre départ. C’est sans doute ce dernier point qui m’énervait le plus intérieurement : le fait de m’être mentalement conditionnée à courir une dizaine de km et la réalité qui me voyait bien partie pour une plus longue distance.

Le petit hamster s’est alors mis à tourner en boucle dans ma tête : je chargeais mon mari d’avoir prévu un parcours aussi long et difficile sous couvert d’un « 10 km à peine ». Je l’accusais d’être responsable de mes difficultés, je lui en voulais d’être frais comme un gardon alors que moi je galérais sévère, j’étais fâchée qu’il ne m’encourage pas. Bien sûr, je continuais à râler et à entretenir toute cette négativité, à l’exprimer en utilisant des prétextes; sans toutefois être vraiment capable d’expliquer et d’extérioriser ce qui se passait dans ma tête à ce moment précis.  Il n’y a quasiment aucun moment, où j’ai réellement apprécié la beauté de la forêt dans laquelle nous avions la chance d’être, les points de vue sublimes, la fraîcheur, le bonheur de courir ensemble…

Et ce jusqu’à ce que mon mari s’énerve et me fasse prendre conscience que j’allais trop loin, que je lui gâchais son plaisir de courir dans de si beaux endroits, et d’abîmer aussi ce moment ensemble. Bien sûr qu’il avait raison ! Et plutôt deux fois qu’une.

Ce qui est « drôle », c’est que dès le début j’avais vu que tout comme mon corps, mon mental allait avoir du mal pendant cette course. Malgré tout, j’ai continué à le laisser me mener par le bout du nez. A le laisser m’embarquer dans cette situation que je savais inconfortable. J’ai continué à râler, à entretenir ces pensées négatives, à me focaliser sur les douleurs de mon corps. Jusqu’à atteindre ce point de dispute. Un peu comme si j’avais besoin d’en arriver là. Plutôt que de laisser filer les mauvaises pensées comme des nuages, de regarder partir les mauvaises sensations, je m’y suis accrochée. Oui, c’est exactement ça, accrochée. Et pendant tout ce temps où je me suis laissée absorber par cette spirale négative, tout le beau, le positif, le bon du moment que je vivais m’était complètement inaccessible. Impossible à voir, à vivre, à en prendre conscience. Pire encore, je me suis rendue compte que j’adoptais une attitude qui était à l’opposée j’espérais au plus profond de moi- l’encouragement et le réconfort de mon mari.

Toute cette anecdote futile pour dire que l’être humain est quand même sacrément complexe parfois. Que nous avons tous des moments de moins bien. Des difficultés. Des moments où la fatigue prend le dessus. Des instants où ce sont nos nuages gris qui nous entraînent. Bien que nous sachions pertinemment qu’il faille les laisser filer seuls, libres et légers. Des instants où nous faisons exactement le contraire de ce dont nous avons besoin, histoire de nous faire (un peu plus) mal. Comme si nos vieux démons resurgissaient du placard ou nos schémas anciens refaisaient surface, voulant nous faire croire que nous en étions toujours au même point. Pourtant vous comme moi, nous savons bien qu’il n’en est rien. Comme nous savons que le chemin est parfois sinueux, parfois chaotique, parfois fait d’allers et de retours. A l’image de la vie elle-même, en éternelle mouvement.

Ces petites expériences sont comme des rappels. Des signaux nous invitant à regarder à quel point le beau, le bon, le positif sont accessibles, pour peu que l’on y prête attention. Et si en ce moment, c’est encore difficile, douloureux ou compliqué de parvenir à voir ce beau, ce bon, ce positif, il existe de petites aides magiques qui peuvent vous aider dont la méditation. De la même manière que vous pouvez entraînez vos muscles lorsque vous pratiquez un sport, vous pouvez entraîner votre mental en pratiquant régulièrement. Car c’est exactement cela, la méditation : apprendre à regarder passer nos pensées, nos sensations, nos émotions sans nous y cramponner, apprendre à les accepter et à les laisser être. Qu’elles soient positives ou négatives. Apprendre à vivre pleinement le présent, dans son entièreté. 

Alors si comme lors de mon expérience ce sont en ce moment vos nuages gris qui vous mènent en bateau, commencez/testez/reprenez la pratique de cette méditation de pleine présence. Un merveilleux chemin pour prendre de la distance, relever la tête, et faire de la place pour le meilleur. Ce meilleur qui est juste là, à portée de cœur… ne le laissez pas filer !

PS: si vous n’avez jamais pratiqué et que vous lancer seul vous intimide un peu, sachez que je propose des initiations ainsi que des accompagnement en cabinet. 

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